L'histoire

l'entrée de l'église

On sait avec certitude, d’après les fouilles effectuées au centre ville, que le site de Manosque fut occupé dès le néolithique (3ème millénaire avant J.C) et que cette occupation fut poursuivie par la suite de façon continue jusqu’à l’époque romaine et le haut Moyen Age.

C’est vraisemblablement au Vème siècle que la première église de Manosque a été construite et dédiée à Notre Dame.

De cette église primitive, on ignore tout sauf qu’elle s’élevait sur l’emplacement d’un temple paien dédié à Cybelle, déesse romaine de la terre et des animaux, personnification des forces naturelles, dite aussi la Grande Mère et dont le culte est lié au buisson et au taureau.

A cette époque, l’église et ses dépendances constituent un prieuré placé sous l’autorité de l’Abbaye St Victor de Marseille. Ce sont les moines qui en ont la charge. 

Tous les éléments que l’on peut trouver sur Manosque, en ces temps là, se concentrent autour de l’église Notre Dame et témoignent d’une vie communautaire déjà organisée (céramique fine estampée grise (Vè s-VIè s), sculptures rupestres du VIIIè s).

Ce lieu semble avoir toujours été le cœur de la ville et l’église, considérée comme l’âme de la ville, par tous les habitants qui lui vouaient une grande dévotion.  

L’église de Notre Dame est le lieu le plus important de la ville autant sur le plan religieux que sur celui des affaires de la cité, traitées alors sur le parvis (Guillaume, le 1er comte de Provence y tenait ses cours de justice en 984).

la légende de la Vierge noire

Avant la destruction de la ville par les Sarrasins, la Vierge de Manosque était grandement vénérée et pour invoquer sa protection, on venait de loin en pèlerinage.

Pour ne pas la voir disparaitre au cours de ces pillages, la statue a été enterrée dans un sarcophage en marbre blanc. Mais les Manosquins, qui s’étaient réfugiés sur les hauteurs environnantes (le Mont d’Or, Toutes Aures, Montaigu..) et de retour dans leur ville, ne savaient plus où se trouvait la statue.

Un jour, vers l’an 973, un paysan qui labourait à proximité des ruines d’une ancienne église dédiée à la Vierge, vit ses bœufs tombés à genoux et refuser d’avancer. Devant l’étrangeté de la situation, on décida de creuser à cet endroit précis et on découvrit le sarcophage, sous un buisson de ronces, renfermant une statue de la Vierge à l’enfant, enveloppée d’étoffes précieuses.

Le nom de Romigier donnée à la statue et ensuite à l’église, vient des « roumi » en provençal, des ronces.

Aussitôt, tous demandent la construction d’une église pour abriter la Vierge, ils décident donc de relever de ses ruines l’antique église de Notre Dame, dont le site est depuis toujours le cœur de la ville.

Cet édifice a été construit probablement vers la fin du Xème siècle, nous n’en avons pas la date exacte mais nous nous appuyons sur un d’une charte de l’abbaye de St Victor qui relate la présence de Guillaume, comte de Provence, sur le parvis de l’église.

De nombreux miracles ont été attribués à Notre Dame de Romigier dont des suscitations d’enfants, ce qui lui a valu d’être considérée comme un sanctuaire à répit.

Cette reconnaissance a suscité la jalousie des desservants de l’autre église de Manosque, celle de St Sauveur, dépendant du chapitre de Forcalquier. Les litiges portaient en particulier sur les ressources des deux églises, une recevant plus d’offrandes que l’autre de par sa plus grande fréquentation.

Plusieurs règlements ont été édictés : le 1er en 1269, puis en 1464,

En 1521 et en 1555mais les querelles persistent puisqu’au XIXe siècle, l’évêque de Digne devra s’appuyer sur le règlement de 1555 pour régler un différent entre les deux paroisses ….

Puis pendant la révolution, le 29 octobre 1791, on procéda, suite à une délibération du conseil de Manosque, à l’inventaire et à la saisie des biens de l’église. La statue de Notre Dame de Romigier fut alors cachée dans une maison par « une main pieuse ». Ainsi, la statue fut encore une fois sauvée. Elle fut replacée dans l’église qui avait été transformée en magasin à fourrage puis en salle de réunion pour clubistes après le concordat de 1801.

La statue mesure 70 cm de hauteur. Elle semble être en bois d’aulne.

Les spécialistes la datent du Xème siècle. C’est une des plus anciennes vierges romanes de France.

La Vierge es assise et porte l’enfant sur son genou gauche.

La couronne de la Vierge et celle de l’enfant Jésus sont des couronnes mérovingiennes.

Elle est classée monument historique depuis 1909. 

L’église rendue au culte fut de ce jour desservie par un curé et deux vicaires jusqu’au 16 novembre 1943, date de l’enterrement du chanoine Prosper Brun, curé de Notre Dame depuis 46 ans. Le chanoine de l’église de St Sauveur devenait alors le curé des deux paroisses réunies.

A ce jour, sont célébrées dans l’église de Notre Dame de Romigier toutes les messes dédiées à Marie : le 15 août, le 8 septembre, le 8 décembre ….

Les transformations successives de l’église

L’église de Notre Dame de Romigier ne se présente plus telle qu’elle a été élevée au Xème siècle. Si l’on ne sait que très peu sur les travaux effectués entre le Xème et le XVème siècle, on connait à peu près ceux qui furent faits à partir de1550.

 

-          XV ème siècle : la façade a été refaite entièrement : une fenêtre a été percée et une verrière placée. Des portes neuves ont été installées et une sacristie construite.

-          En 1708 : suite au tremblement de terre, la voûte de l’église a dû être étayée ; elle s’écroule en 1723 et refaite avec 4 fenêtres en plus, ainsi que des vitraux et blanchie au plâtre fin

-          En 1866 : le sanctuaire est carrelé de marbre blanc et noir, le bas côté droit est agrandi de trois mètres, deux nouveaux autels installés et quatre vitraux posés. La coupole est peinte en bleu azur parsemé d’étoiles. Le sarcophage blanc devient l’autel de Notre Dame. La vierge en marbre blanc, auparavant à la place du vitrail (derrière le maître autel) est placée dans une niche au milieu de la façade.

-          En 1868, ouverture d’une troisième fenêtre au milieu du chœur et placement d’une verrière représentant la légende de Notre Dame de Romigier.

-          En 1874, restauration de l’orgue

-          Entre 1886 et 1890, peintures murales figuratives et ornementales réalisées par des artistes italiens spécialistes.

-          de 1976 à 1998 : dernières restaurations, l’église a encore été transformée. Mise en valeur de l’architecture et des sculptures (chapiteaux).

Le sarcophage est devenu maître autel.

L’église a été officiellement réouverte à l’occasion du retour

dans son sanctuaire de la statue de Notre Dame, également restaurée, les 7 et 8 décembre 1998.